Quand j’ai découvert Christelle de Tricot et Stitch, j’ai adoré son univers! On ressent son énergie et sa générosité dans tous ses podcasts. Son imagination est débordante et j’espère pouvoir de nouveau embarquer à l’avenir dans une de ses aventures!
Dernièrement, elle a ouvert une boutique et j’aime beaucoup la variété des articles qu’elle y propose. Les coloris qu’elle offre à ses écheveaux sont splendides et je n’ai pas su résister à ses anneaux marqueurs amovibles: ils sont tellement originaux!
J’étais donc très curieuse d’en connaître un peu plus sur Christelle et son univers. C’est donc très naturellement que j’ai voulu poursuivre ma série d’Interview Tricot avec elle. Christelle a gentiment accepté mon interview et je suis ravie de pouvoir vous la partager!
Alors bonne lecture!
Aline: Quand as-tu appris à tricoter? Comment le tricot est-il devenu une passion pour toi?
Christelle: J’ai appris à tricoter dans les années 80 avec ma grand-mère paternelle, qui me gardait après l’école. J’ai tricoté jusqu’au tiers d’une écharpe au point mousse en acrylique rouge avant de décider que c’était nul ^-^. J’avais 8 ans. Effectivement, c’était sain de ma part. Je sais maintenant qu’une écharpe au point mousse en acrylique uni, c’est l’équivalent d’une lobotomie pour tricoteuse.
Il y a 6 ans, en 2011, ma grand-mère est partie en maison de retraite et nous avons dû débarrasser son appartement. Il a fallu décider quoi faire de toutes ses affaires, notamment les affaires de tricot… Et j’ai tout récupéré! Sa laine, ses magazines, ses notes, ses outils… Mon père, qui tricote aussi, m’a réappris les bases. Il m’a montré comment monter les mailles, le point endroit, le point envers, le jeté… et hop, direct les côtes anglaises. Pas le truc le plus facile, mais c’était passionnant!
Modèle de Châle – Audrey – Tricot et Stitch
J’ai commencé par tricoter un morceau informe et plein de trous, pour m’entraîner, puis la courbe d’apprentissage a été très rapide. En quelques mois je tricotais des modèles en dentelles ou en torsades, je recherchais la technicité et j’étais avide d’en savoir toujours encore plus. Amoureuse de la langue anglaise, que je pratique avec plaisir au travail et en dehors, j’ai découvert Ravlery, les blogs anglais et américains, les podcasts, les tutos sur Youtube… Et là, le tricot a pris une autre dimension. Exotique, cosmopolite, culturel… les livres aussi ( Stéphanie Pearl McPhee!!), les aiguilles circulaires, la laine naturelle teinte à la main, la communauté, les évènements… je suis tombée dans le trou du lapin blanc et je n’en suis jamais ressortie!
Qu’est-ce que le tricot t’apporte?
Le tricot m’apporte énormément de choses:
- L’assurance et la confiance en soi que confère le fait de se sentir experte dans un domaine;
- La preuve que l’on peut aborder quelque chose de nouveau et réussir, peu importe notre point de départ;
- Le plaisir de renouer avec quelque chose de concret, de manuel, d’ancestral, de faire moi-même des objets utiles et beaux pour ceux que j’aime (et pour moi!);
- La communauté, les tricopines, dont certaines sont devenues des amies chères;
- Last but not least, le tricot est devenu le canal d’expression privilégié de ma créativité: elle a toujours été présente en moi et s’est exprimée de diverses façons (dessin, peinture, aquarelle) et même si je n’en ai pas fait mon premier métier, car c’est dur d’en vivre, c’est néanmoins cette créativité qui me définit le mieux et dans laquelle je m’épanouis.
Kit Flamingo Dream – Tricot et Stitch
Depuis quand as-tu ouvert ta boutique en ligne? Qu’y vends-tu?
J’ai ouvert ma boutique en mai 2017, après avoir eu un stand pour la première fois, à la Fête de la Laine de Clamart, aujourd’hui rebaptisée Clamart’Fil. Je l’ai ouverte pour vendre ce qu’il me restait de la Fête. Aujourd’hui j’y vends de la laine teinte à la main, des marqueurs, des pochettes à en-cours, des bloqueurs à chaussettes faits à la demande et des aimants à aiguille. Je n’avais jamais pensé me mettre à teindre de la laine de façon régulière mais j’adore ça!
Quelle est l’identité de ta marque? Quelles sont les valeurs qui te tiennent à cœur?
Cozy, Fun, Pop! Cela résume très bien ma marque. C’est son ADN en quelque sorte.
Cozy, car j’aime tout ce qui véhicule ce concept de cocooning et de bien-être (j’étais Hygge avant de connaître le concept ^-^)
Fun, parce que j’aime m’amuser dans tout ce que j’entreprends. Le fun transpire dans tout ce que j’organise et mon objectif est de le partager au maximum.
Pop, parce que mes créations et mes évènements sont tous très influencés par la culture pop. Les années 80. La musique. Les livres…
Une autre valeur qui me tient vraiment à coeur et qui peut être retrouvée dans tout ce que je fais, c’est L’Aventure. Sortir des sentiers battus, essayer de nouvelles choses, créer des évènements, des modèles, des couleurs…
Enfin, d’autres valeurs essentielles ressortent aussi dans les évènements que j’organise: la bienveillance, l’entraide, la mesure. C’est très important et j’en parle souvent dans mon groupe Ravelry.
Modèle de Châle – Clemartium – Tricot et Stitch
Tu as testé beaucoup de domaines tricotesques: teinture, patronage, création d’accessoires, tricot… Peux-tu nous dire quel domaine tu affectionnes le plus et pourquoi?
C’est la création de patron qui vient en tête de liste. C’est ce à quoi je reviens toujours. C’est ce que je continuerai de faire quoi qu’il arrive!
En second, c’est la teinture. Avant le tricot, mon hobby, c’était le dessin et la peinture. Aquarelle, acrylique, pastels gras… J’aime les couleurs. Teindre la laine me permet de renouer avec ces aspects que j’ai délaissé il y a plusieurs années, quand je suis devenue Maman et que tout d’un coup, je n’ai plus disposé de plages de plusieurs heures consécutives de temps libre. Le tricot est venu prendre cette place car il se prête merveilleusement bien à ce morcellement du temps!
En troisième, ce sont les évènements. J’adore les organiser et voir s’amuser les autres autour de mes idées. En tant que personne plutôt introvertie, c’est aussi ce qui me demande le plus d’énergie et d’effort, non pas dans la conception mais dans l’animation.
Progress Keeper – Potion Magique – Tricot et Stitch
La création d’accessoires n’est pas une passion à proprement parlé. C’est plus le fruit d’une frustration de ma part de ne pas disposer d’autant de choix qu’outre-atlantique. J’ai fabriqué ce que je ne trouvais pas localement, d’abord pour moi, puis, beaucoup plus tard, pour ma boutique, car j’ai constaté qu’il y avait une demande. La couture est ce que j’aime le moins faire, mais je suis heureuse quand j’ai terminé une petite pile de maisons de chaussettes!
Comment trouves-tu l’inspiration pour tricoter et alimenter ta boutique?
Je ne trouve pas vraiment l’inspiration. Je dirais que l’inspiration ne me laisse pas une minute de répit. Il y a tellement de choses qui m’inspirent, que j’ai envie de traduire dans un patron, une couleur de laine, un évènement… Les idées se bousculent… à minima je les note. Dans les cas extrêmes, elles m’empêchent de dormir tant que je ne leur ai pas donné vie! Alors que j’aimerai parfois faire une pause, ne rien faire… mais c’est impossible. Je n’y arrive pas. J’ai toujours une idée qui veut se réaliser. C’est la tyrannie des idées.
Echeveaux de laine teinte à la main – Eté indien – Jus de Citrouille – The Upside Down – Octobre 2017
Mes principales sources d’inspirations sont culturelles: livres, films, séries… Je suis une enfant des années 80 et ça se ressent dans ce que je crée. Je suis aussi un peu geek sur les bords. Je suis aussi beaucoup inspirée par le calendrier, les fêtes, les saisons.
Tu as participé à des fêtes de la laine, as-tu apprécié ces expériences?
Oui beaucoup. Mais j’ai trouvé cela très exigeant en termes de préparation, beaucoup trop pour le temps dont je dispose. Pour participer à la Fête de la Laine l’année dernière, j’ai passé deux mois à négliger ma famille et ma maison. L’appartement ressemblait à un atelier clandestin et les enfants à des Cro-Magnon. Bon. J’exagère sur les Cro-Magnon. Mais tu vois l’idée… donc j’ai décidé de ne pas faire de Fête en 2018, bien que cette décision me coûte car j’adore le contact avec d’autres passionnées! Mais je dois trouver le rythme de croisière. Je le cherche mais je ne l’ai pas encore trouvé: d’ailleurs, si quelqu’un le voit, faites-moi signe s’il vous plait, j’ai deux mots à lui dire.
Echeveaux de laine teinte à la main – Volcanique – Tricot et Stitch
Toi qui as l’expérience de la vente sur internet et de la vente physique, peux-tu nous dire ce que tu préfères, est-ce que ces deux manières de vendre sont complémentaires ou difficiles à associer?
Je pense que les deux se complémentent très bien. La vente physique permet d’avoir le plaisir de rencontrer les tricopines virtuelles dans la vraie vie. La vente en ligne permet de pouvoir vendre depuis son petit chez soi, sans fonds de commerce en dur.
Dans la sphère des tricoteuses, tu étais d’abord connue pour tes podcasts tricot, peux-tu nous en dire un peu plus sur cette aventure?
Les podcasts, c’est du 100% fun. Moi dans ma voiture à raconter des bêtises pendant 30 minutes. D’ailleurs ton interview m’a motivée à enregistrer un nouvel épisode, le n°35. Je parle dans cet épisode d’une difficulté rencontrée pendant la Sock Design Party, que j’ai mis un peu de temps à surmonter. Aujourd’hui je renoue avec le plaisir d’enregistrer des podcasts et j’espère réussir à associer cet exercice avec l’évolution de Tricot et Stitch, sans que mon podcast ne devienne qu’une vitrine. Je suis très attachée au contenu partagé et j’aime parler de sujets qui sortent du domaine habituel du tricot.
Progress Keeper – Ananas – Tricot et Stitch
Ce printemps, tu as organisé la « Sock Design Party ». Peux-tu nous en expliquer le principe? Est-ce qu’il y en aura d’autres?
La Sock Design Party, c’est un Design-Along (DAL), comme un Knit-Along (KAL), sauf que là, chaque participant crée son propre design de chaussette. Pour les aider et les guider, j’ai organisé quatre livestreams sur Instagram (disponibles sur ma chaîne Youtube), dans lesquels j’abordais plusieurs aspects de la création d’un patron: l’inspiration, le processus créatif, les techniques et « l’après », c’est à dire les considérations concrètes de la mise à disposition d’un patron, notamment la phase de test. J’ai aussi fourni deux bases de patrons, comme des pages blanches, pour permettre aux participants de se lancer avec un maximum d’information.
Le résultat a été au delà de mes espérances les plus folles! Plus de 100 participants pendant le DAL et 20 patrons publiés en juillet sous la forme d’e-book.
Il y aura une autre Sock Design Party. Mais en toute honnêteté, j’ai du mal à faire la même chose deux fois, je me lasse très vite. Il est donc très vraisemblable que l’événement évolue… Sur un thème imposé par exemple… ou co-animé avec une autre créatrice… J’y réfléchis.
Où peut-on trouver ces patrons gratuits?
Mes patrons gratuits sont disponibles dans ma boutique Ravelry. J’ai aussi créé une page spéciale sur mon site internet www.tricotetstitch.com où vous trouverez plein de belles photos, l’histoire de chaque patron et le lien vers Ravelry.
Cet automne, tu as eu l’idée d’organiser un Knittich. Il s’agit d’un tournoi de tricot organisé en référence au Quiddich de Harry Potter. D’où t’es venue cette fabuleuse idée? Combien y a-t-il de participants? Comment se déroule le Knittich?
L’idée est venue d’une conjonction de plusieurs choses:
- L’envie d’organiser un événement dans l’univers de Harry Potter depuis longtemps;
- La découverte du concept de « Battle Tricot » grâce à Ingrid, @koreminaldi, une amie très chère et partner in crime de quasiment tous les événements que j’organise;
- La commande de badges « Hogwarts Knitting Club » cet été dans la boutique Etsy AuberginenArt
Ces trois choses se sont mélangées dans ma tête, et pour citer Ghostbusters, « ça a fait chboum là-d’dans ».
Une fois l’idée apparue, tu penses bien qu’elle était du genre à ne pas me lâcher la grappe. Ce n’était pas une idée qui se contenterait d’être notée dans un coin. Elle avait la folie des grandeurs cette idée-là, et elle était URGENTE. Donc en une après-midi, elle était mise noir sur blanc, illustrée par un visuel et postée sur instagram.
La suite « is history » puisque cette idée avait raison d’être aussi pressante. Elle a beaucoup plu et je suis, comme pour la Sock Design Party, surprise de l’engouement qui s’est créé autour. Je pensais que nous serions entre 5 et 10 par maisons, et que ce ne serait que des tricopines qui se seraient inscrites pour me soutenir (elles sont comme ça). Mais non. Il a fallu limiter à 100 participants par maison! Le truc de fou.
Quant à expliquer comment se déroule le Knittich… les règles ont été collaborativement élaborées et l’idéal serait de consulter la page Knittich du site pour tout savoir!
Si on veut te suivre et pouvoir embarquer dans une de ces aventures tricot que tu proposes régulièrement, où peut-on te trouver?
C’est sur instagram que je suis le plus présente. Si j’organise quelque chose, c’est le premier réseau social sur lequel je poste. Je relaye les posts sur facebook aussi, sur la page Tricot et Sitch, mais je suis moins à l’aise sur FB que sur IG… Toutes les informations utiles sont ensuite disponibles sur www.tricotetstitch.com. Sur ce site, il y a aussi une section blog, que je prévois d’alimenter avec des sujets connexes au tricot, mais pas que. ^-^
As-tu de futurs projets en tête pour les mois à venir?
Je suis en constante ébullition. En plus des éditions 2018 de la Sock Design Party et du Tournoi de Knittich, qui, je le suppose, seront attendus, j’ai d’autres projets. Un collaboratif et mystérieux, et un plus personnel et de longue haleine. Les deux ont été initiés et ne verront pas le jour avant l’automne 2018 je pense.
Si une personne veut tenter de vivre de sa passion du tricot, que lui conseillerais-tu?
Je ne saurais pas quoi lui conseiller! C’est comme le rythme de croisière, je cherche encore…
^-^
Si, quand même, un conseil, celui donné par Françoise Danoy de Aroha Knits, en réponse à la même question: ne quittez pas votre boulot! Je pense sincèrement qu’il faut grandir de façon organique et y aller petit à petit pour limiter la prise de risque. Trop d’aléa, trop d’effets de mode, l’effet de saturation du marché… Il faut y aller doucement mais sûrement.
Merci beaucoup Christelle pour ces réponses passionnantes!
Merci pour cet interview!
Si cet interview vous a plu, vous serez sans doute contente de savoir qu’il en existe deux autres: des créatrices tricot passionnées qui parviennent désormais à vivre de leurs créations:
Interview Tricot: Petit Bout de Laine
Interview Tricot: Lune de Nacre
Dites-nous dans les commentaires si cet interview vous a inspiré(e). Et n’hésitez pas à suivre Christelle et sa communauté dans ses prochaines aventures!
Si cet article vous a plu, retrouver la liste des articles du Blog ici: Sommaire.
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J’adore cet interview et d’ailleurs je la suis mais je n’ai pas le temps de participer à ses projets car je ne fais pas que du tricot. je ne suis pas au top dans le tricot. J’ai appris petite en faisant des « serpillières » et le tricot m’es venu quand j’étais enceinte de mon grand en 95 en me débrouillant par moi même. Depuis que j’ai mon blog j’apprends beaucoup de nouveaux points que je suis loin d’imaginer que ça existe. Merci beaucoup. Bon dimanche, bisous
Merci Rachel pour ton gentil commentaire! Oui, tes talents sont nombreux! Entre la couture, le crochet, le point de croix et le tricot, tu as de quoi t’amuser! Tu es une vraie créative toi aussi!