Faire son coming-out tricotesque?

Quelle drôle d’idée me direz-vous! Et pourtant, on peut bien parler de coming-out en ce qui concerne le tricot aussi. Car ce n’est pas toujours facile d’annoncer haut et fort que nous tricotons et que nous en sommes particulièrement fiers.

Le contexte français

Dans certains pays, les élèves sont habitués à tricoter en classe, les étudiants suivent les cours dans l’amphi en se tricotant des mitaines pour l’hiver… Dans certains pays, les maîtres d’école tricotent pendant que les enfants s’activent autour de leur matériel pédagogique…

Et en France?

Et bien, en France, comment dire?

On est loin, très loin de cette acceptation du tricot dans la vie de tous les jours.

Les clichés ont la vie dure et le tricot est encore considéré par certains comme l’activité la plus ringarde qui soit.

C’est d’ailleurs rare, en France, de voir une personne tricoter en public, je crois bien n’avoir jamais vu une personne tricoter dans une salle d’attente ou dans une gare, alors que ce sont des lieux où on s’ennuie à mourir en général.

blog-tricot

Un sentiment de gêne

Ce contexte fait que la pauvre petite tricoteuse ou sans doute, encore pire, le pauvre petit tricoteur vit sa passion en cachette.

Elle ou il n’osera à peine en parler à ses amis. S’il / Si elle aborde une fois le sujet et que la personne en face ne partage pas son enthousiasme, cela lui donnera une occasion de plus de penser que cette passion est à vivre dans son coin

Heureusement, aujourd’hui, ce manque de connexion avec les autres peut être en partie compensé grâce à internet.

Le web regorge de blogs de tricot, les groupes de tricot sur facebook sont très actifs et les podcasts tricot fleurissent sur Youtube. Et oui, les tricoteurs ont à cœur de partager leur passion avec des passionnés comme eux. L’échange et le partage leur apportent tellement!

Oser vivre sa passion

Tricoter en public devient presque un acte militant car plus nous serons nombreux à tricoter hors de notre salon et plus ça rentrera dans les mœurs.

Vivre sa passion en se cachant n’a aucun sens, pourquoi serait-il socialement correct de dessiner, faire de l’escalade ou de la couture à la rigueur mais absolument inapproprié de tricoter?

Cette pression sociale, elle est malheureusement plus souvent dans notre tête que dans les faits concrets.

Généralement, quand on tricote devant d’autres personnes, soit elles s’en contre fichent, soit elles trouvent ça très sympa.

Mais personne ne vous jettera jamais des tomates pour avoir tricoté en attendant votre bus! Alors osez sortir vos aiguilles!

L’entourage proche

C’est souvent avec les personnes avec qui vous partagez le plus que vous aurez le plus de mal à assumer pleinement votre passion du tricot.

Bien sûr certains sont bien aidés car ils ont déjà dans leur entourage quelqu’un qui tricote. Mais d’autres sont seuls avec leurs aiguilles et leur laine et perçoivent bien que si elles évoquent leur passion, on se moquera gentiment d’elle.

Moi-même, il m’a fallu des années pour oser tricoter devant tous mes amis, dans la famille de mon mari et je n’ai jamais été capable de tricoter devant … mes collègues de travail!

A un moment donné, cependant, la passion se fait si forte, ou l’addiction si intense, qu’on se sent prêt à affronter toutes les remarques tant on a un besoin impérieux de tricoter.

Encourageons le tricot

Personne n’est obligé de faire son coming-out tricotesque. Je dirais que ça se fait tout seul, on développe notre confiance en nous au fil des années, en parallèle notre amour du tricot prend de l’ampleur.

Et un beau jour, on assume pleinement qu’on est passionné par le tricot et on rêve même d’en faire son métier ^^

Par contre, on peut participer à notre échelle à un changement de mentalité. Si on ne se sent pas encore capable de tricoter en public, on peut déjà encourager les personnes qu’on voit tricoter à la gare ou dans une salle d’attente en leur adressant un radieux sourire puis en partageant un brin de conversation.

Et quand un tricopote* vous montre ce qu’il fait, montrez votre enthousiasme. Même si ses goûts ne sont pas les vôtres, le seul fait qu’il tricote fait de lui un allié 😉

Et puis, ne soyons pas sectaires, intéressons-nous aussi aux passions des autres. Les personnes passionnées ont beaucoup à partager même si elles ne partagent pas la même passion.

Alors soyons des tricoteurs militants et changeons petit à petit les mentalités!

Et vous? Comment assumez-vous cet intérêt pour le tricot? Sans complexe? Avec quelques réserves? Dites-nous tout!

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10 Comments on Faire son coming-out tricotesque

  1. Bonjour et merci pour cet article encourageant ! Pour ma part, je n’ai jamais eu de souci à montrer mes tricots pour la bonne raison que je n’ai pas tricoté depuis… je n’ose même pas compter 😉 !
    Mais je suis entièrement d’accord avec toi sur le fait d’assumer ce qui nous rend heureux et ce qui nous rend unique ! Le juge le plus dur envers nous-même c’est souvent… nous-même. Et lorsque je suis fière de ce que je fais, que j’en parle et que je le partage, en général l’écoute et la bienveillance sont là, car je suis en accord avec moi même :-). Alors bravo aux tricopotes (re)connus et à tous les passionnés heureux, et courage à ceux qui le sont en devenir 😉

    • En tous points d’accord avec toi. Quand on fait ce qui nous passionne, les gens sont généralement très réceptifs et curieux. C’est super agréable finalement de faire ce qui nous plait 😉

  2. ton article me fais penser à une anecdote vécu aux environs de mes 8 ans et que j’apprenais le tricot (même à l’école nous avons eu quelques notions de tricots), le médecin est passé à la maison et m’a sortie la fameuse phrase qui tue et qui fait arrêter de tricot
     » Tiens Mamie tricote  » ….euh comment dire le terme de Mamie à 8 ans…ben ça marque…

    sinon mes collègues sont au courant, en premier par mes doudous au crochet et maintenant le tricot…souvent j’ai reçu des félicitations mais aussi le fameux « le tricot de Mamie » mais bon…

    lors de mes hospitalisations je prends toujours crochet ou tricot…très bien perçu car ça aide à évacuer les problèmes…le milieu médical le perçoit comme un antistress

    après dans la vie de tous les jours, tout dépend des personnes que nous pouvons cotoyer…ceux qui comprennent que j’ai besoin d’avoir les doigts occupés et ceux qui disent que ça sert à rien…comme dans toute passion

    voila mon petit mot

    • Merci Annie pour ton partage! Ton témoignage représente parfaitement ce que peuvent vivre les tricoteurs aujourd’hui. 😉 Le médecin qui s’est adressé à la petite fille de 8 ans que tu étais ne voulait sans doute pas mal faire mais c’est vrai que ce genre de petite remarque assassine peut rester pour de nombreuses années! Heureusement, je trouve que le tricot est reconquis par la jeunesse d’aujourd’hui et j’ai bien l’impression que les clichés agaçants commencent à disparaitre petit à petit…
      Et heureusement aussi que notre passion est finalement plus forte que tout comme le prouve bien ton commentaire!

  3. bonjour! je découvre ce site et merci beaucoup parce qu’il est génial!
    pour ma part, je n’assume pas du tout le fait de faire du tricot, du crochet et d’autres activités manuelles. Je vis dans un milieu très masculin, et c’est très mal perçu. je sélectionne ceux à qui j’en parle quand je suis sûre de l’accueil bienveillant de cette part de moi.

    Mais ça ne m’empêche de m’éclater dans ces domaines où je suis vraiment moi-même et où la créativité prend toutes les formes.

    Merci beaucoup pour ce site très bien fait et alimenté où j’ai trouvé pleins d’astuces et de bonne humeur!

    • Coucou Delphine, oui, selon le milieu dans lequel on vit, ces activités sont plus ou moins bien perçues. Et je te comprends bien car j’ai grandi dans une famille où ces activités « manuelles » étaient dénigrées au profit d’activités plus « intellectuelles ». Pourtant, je ne vois pas au jour d’aujourd’hui ce qui les opposerait… Il m’a fallu aussi du temps pour accepter que c’était ma voie et maintenant, j’assume que je veux vivre un jour du tricot… Alors j’imagine que dans un milieu très masculin, ce genre d’activités puissent être dénigrées et pourtant elles sont essentielles pour certaines personnes (dont nous faisons partie) c’est vraiment dommage!
      Merci pour tes gentils mots encourageants! 😉 A tout bientôt, avec plaisir!

  4. Bonjour ,
    Merci aline pour cet article , c’est grâce à des personnes comme toi que les mentalités évoluent.
    Cela fait énormément de bien de te lire, on se sent moins seule face à nos aiguilles.
    Pour moi ,
    Le tricot est un antistress formidable , il occupe mon esprit et développe ma dextérité et en prime , il m apporte la satisfaction incommensurable de pouvoir dire « c’est moi qui l ai fait  »
    J assume complètement de tricoter tout le temps et partout sous les regards étonnés , amuses ou surpris des gens qui eux sont scotchés sur leur smartphone (je suis aussi très connectée ; l’un n empêche pas l autre).
    Au plaisir de te lire.
    Dalila

  5. Bonjour à toutes et à tous!
    Un grand merci, Aline, pour ton blog, tes vidéos, qui m’ont souvent aidé, tes articles que je reçois avec tant de plaisir…
    Je suis abonné depuis longtemps déjà, et d’un naturel discret, je n’ai jamais laissé de commentaire. Je le fais aujourd’hui, sur un article certes un peu ancien, mais qui me parle beaucoup…
    Je suis un homme. J’ai appris le tricot derrière mon écran, grâce à des gens comme toi Aline, il y’a des années déjà…
    Plus difficile encore je crois, pour un garçon, d’assumer cette passion.
    Quelques amis étaient dans la confidence, mais pas mes collègues.
    Je travaille dans un collège, où j’accompagne des élèves en difficultés. Mes pauses déjeuner, je les passais dans ma voiture, avec… mon tricot.
    Puis je me suis rapproché de quelques collègues, jusqu’à « devoir » déjeuner avec eux. Je ne pouvais plus tricoter, du coup, ce qui me manquait beaucoup, et ralentissait mes projets tricot… Jusqu’au jour où j’ai apporté mon tricot avec moi, tant pis!
    Aucune réaction négative, bien au contraire.
    Depuis, j’ai toujours mon tricot dans mon sac de classe.
    Suivant le public, inconnu, ou en trop grand nombre, sortir mon tricot peut rester difficile, mais ce n’est pas le cas, le plus souvent.
    Puis la directrice du collège a su que je tricotais. Elle a trouvé ça très intéressant, et là, elle recherche un financement pour que je puisse animer des ateliers tricots auprès des élèves, à la rentrée prochaine, en plus de mon travail d’accompagnement…
    Je serai le plus heureux si ce projet se concrétise!

    • Très heureuse de te lire Jean-Philippe et je trouve ton parcours de tricoteur très intéressant. Ce serait chouette que tu puisses transmettre le tricot au collège. J’avais fait des ateliers de couture pendant un temps et finalement les garçons qui étaient hésitants au début ont tous bien accrochés. Je sais que tricoter n’est pas toujours bien perçu alors j’imagine que lorsqu’on est un homme, c’est encore moins simple de tricoter en public (du moins en France!) mais mon père tricotait dans le bus 😀 Bonne continuation dans ta belle aventure tricotesque!

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